André Benchetrit : Entretien
Une bande
dessinée sans cadre,
Ce n’est pas une histoire de contrôle. J’écris un livre et le suivant ne plaît pas à l’éditeur, donc je cherche un autre éditeur, c’est très simple. Dans l’édition, on n’est pas aujourd’hui avec la même logique qu’il y a une vingtaine d’années où un éditeur prenait en même temps un auteur et son œuvre. Aujourd’hui, l’éditeur fait lui aussi une œuvre qui est constituée de fragments d’œuvres d’auteurs. Ce n’est pas seulement une conception idéologique, ça tient compte aussi de la situation du marché de l’édition. Léo Scheer a-t-il lu le prochain ? Mon éditeur c’était Jean-Paul Curnier
et il est parti. Quand Pylône a publié un extrait de Très-Grande Surface, le livre était terminé depuis quelques mois déjà. Lorsque j’ai commencé à le montrer, j’ai balisé car je me suis rendu compte qu’aucun éditeur n’en voulait - Jean-Paul Curnier ne l’avait pas encore eu entre les mains - et quand la revue en a publié un bout, je me suis dit : « Je m’en fous : il y en aura au moins un bout qui sortira ! » Quel est l’intérêt pour l’écrivain de publier en revue ? Une revue, c’est un espace et un lieu de rencontres. Chacun y va avec une question qu’il a sur le moment. J’ai commencé en décembre 2004 Le Bord de la Terre. Et des extraits ont été publiés dans Le Nouveau Recueil pour les vingt ans de la revue. Jean-Michel Maulpoix a demandé à des auteurs s’ils voulaient participer avec des textes montrant un travail en train de se faire. J’ai montré des bouts que j’avais à ce moment-là, lesquels ne sont plus les bouts qu’il y a aujourd’hui. Pourquoi était-ce si difficile de trouver un éditeur pour Très-Grande Surface ? Je l’ai montré à un certain nombre d’éditeurs
et à d’excellents lecteurs qui ont été totalement
décontenancés, largués. J’ai pris acte de ces
refus. On m’a dit qu’il n’y avait pas de lecteurs pour un livre comme ça.
Ou bien que c’était un texte trop limite… Yves Pagès
m’a adressé une lettre de refus, la plus sympathique que j’ai
jamais reçue. C’était très décontenançant à cause
de la structure. Pourquoi est-ce que j’appelais ça roman ?
Mais quand Jean-Paul Curnier l’a eu entre les mains, ça ne faisait
aucun doute pour lui que ce livre était à publier, à défendre.
Il anticipait même la mise en page. Non, j’avais l’idée de cette mise en page, mais je n’ai pas
eu à la défendre. Pour lui, c’était exactement
ce qu’il fallait car ça imposait un rythme de lecture. Ce n’est
pas une mise « en drapeau » étudiée
mais aléatoire. La seule question concernait la largeur de ligne
nécessaire pour donner un rythme de lecture et des coupures
qui tombent naturellement. (...) Retrouvez la suite de cet entretien (6 pages) en commandant le n°26 de La Femelle du Requin ! |