Maurice Pons : Présentation


© Jean-Luc Bertini

Qui est Maurice Pons ? Concurrent mais ami de Georges Perec pour le Renaudot en 1965, Grand Prix de la Nouvelle l’Académie Française pour Douce-Amère en 1997, si les prix littéraires signifient quelque chose. Amateur de voitures et de vitesse, plus Camus que Sartre, Mage du moulin d’Andé qui a atteint le Savoir après avoir fait quelques « conneries » dans sa vie pour s’amuser et a écrit quelques O.V.N.I.S littéraires à la lecture desquels le lecteur ne peut s’empêcher de pousser un « Chto ! » admiratif ou stupéfait.
Lui qui, par « l’obstination forcée dans le désœuvrement, la contrainte dans la rêverie quotidienne » travaille plus à se retenir d’écrire qu’à noircir le papier, est très attaché au métrage de ses œuvres, dans une course contre la montre lancée contre Tolstoï : heureusement, les traductions sont là pour étoffer les rayons.

Il passe son enfance entre Strasbourg (dont les Virginales portent l’écho, ainsi que la Wasquelham de Rosa) et Nevache qui fournira son climat aux Saisons. Les Saisons, ce livre au « malaise émerveillé » que lui reprochent certains de ses lecteurs horrifiés par l’atmosphère grotesque et morbide, un peu Bal des vampires, où l’écrivain est vain, les grenouilles contraceptives et les ânes chirurgiens.

Mais son œuvre ne se résume pas aux Saisons. De son père, universitaire spécialiste de Jonathan Swift, il a peut-être hérité ce goût du merveilleux (Rosa, Le Festin de Sébastien, Les Saisons…) et de l’ironie (Les Saisons, Mademoiselle B.).
Il regretterait presque de ne pas avoir continué à puiser dans la veine heureuse des Virginales, mais d’avoir dû prendre un virage engagé avec la guerre d’Algérie : alors que ses amis sont rappelés, Marcotte, sa maîtresse, lui reproche de ne rien faire et d’écrire des romans bourgeois : il réagit en publiant écrivant Embuscade à Palestro (paru sous le titre Le Cordonnier Aristote pour déjouer la censure). Il signe le manifeste des 121, un appel à la désertion, malgré le risque de se voir interdit de publication par le ministre Debré et écrit la nouvelle « La vallée » (première version des Saisons) pour le numéro spécial des Lettres Nouvelles où Maurice Nadeau défie la censure en publiant les signataires. Il écrit Le Passager de la nuit, ce roman classé « anti-France » par les parlementaires, qui part de son expérience de conducteur de militant du FLN.

Puis c’est la découverte d'un lieu où il peut enfin se poser sans avoir à travailler. Une vie collective s’y organise. Si le monde est mauvais, autant le changer ou en changer. C’est possible au moulin où il séjourne entre des séjours en URSS pour voir l’adaptation cinématographique du Passager de la nuit, en France où il assiste aux adaptations théâtrales des Saisons.
Avec le temps, Maurice a choisi la compagnie des fantômes, les routes nocturnes et les chemins de l’au-delà pour ses histoires insomniaques. Sa vie se fond dans les pierres d’un moulin du XIIe siècle, celui d’Andé, même s’il trouve toujours ses araignées effrayantes et ses chèvres inquiétantes.

 

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